Interview de Tracy Miranda, responsable du comité de programme d'EclipseCon France 2017

En quelques mots, qui es-tu ?

Je m'appelle Tracy, fondatrice de Kichwa Coders, grande fan de l'Open Source et vétéran de la communauté Eclipse. Je vis à High Wycombe, une ville proche de Londres, avec mon mari et deux jeunes enfants.

En quoi consiste ton travail au quotidien ?

Dans les jours excitants, il s'agit de travailler avec les clients main dans la main pour résoudre leurs problèmes en utilisant l'Open Source. De manière générale, comme pour tout chef de petite entreprise, c'est assez aléatoire :déboguer des problèmes, corriger des bogues, écrire des rapports et des articles de blog, évaluer de nouvelles technologies, préparer une présentation, développer ses activités, mener des interviews (ou l'inverse !) ou encore faire les comptes.

Quand et comment en es-tu arrivée à travailler sur Eclipse ?

Mon chef de l'époque m'avait annoncé que le projet sur lequel je travaillais était annulé et qu'à la place j'allais devoir développer un EDI (Environnement de Développement Intégré) en utilisant cette chose appelée Eclipse. Étant ingénieure « hardware », je n'avais jamais fait de Java auparavant et je n'avais jamais entendu parler d'Open Source. Mais une fois mon premier plugin Eclipse écrit, j'étais mordue !

Qu'est-ce qui te motive non seulement dans le travail, mais aussi dans la vie ?

Apprendre et essayer de nouvelles choses. Que ce soit un nouveau framework, être responsable du comité de sélection d'une conférence pour la première fois ou encore comment faire grandir une entreprise, pour quelque raison que ce soit, j'adore être sur la partie escarpée d'une courbe d'apprentissage.

Quel est le rôle du comité de programme ? Dans ce comité, quel est ton rôle ?

Je pense que l'EclipseCon est une grande et grosse fête d'apprentissage. Et les sessions sont la bande-son de cette fête. Le rôle des membres du comité de sélection est donc de sélectionner les meilleures sessions qui seront au cœur de cette conférence - peut-être peut-on les comparer à des DJ ? Mon rôle est de faire ce qui est nécessaire pour leur permettre d'accomplir leur rôle.

Quels sont les changements par rapport à la précédente édition ?

Nous avons quelques catégories nouvelles que nous sommes tous excités de découvrir cette année. Et pour célébrer toutes les technologies innovantes autour de la modélisation au sein de l'écosystème Eclipse, nous avons non seulement une catégorie « Technologies et applications de modélisation » mais aussi un « Xtext Summit ».

Nous avons aussi certaines catégories qui font écho aux tendances de l'industrie. À l'heure actuelle, tout développeur est en train de devenir un développeur Open Source et c'est nous avons donc une catégorie « Bonnes pratiques Open Source ». Enfin, la catégorie « Science » met l'accent sur l'analyse et la science des données.

Toutes ces nouvelles catégories, et donc sessions, nous obligent à faire des choix. Cette année nous n'avons plus d'ateliers au sein même de la conférence, mais ils seront présents à l'Unconference (un jour avant, N.D.L.R.). Par ailleurs, nous avons plus d'Ignite Talks (des sessions très courtes de cinq minutes, N.D.L.R.) que les années précédentes, car elles se sont montrées très populaires ces années-là. Tout prend forme parfaitement, les participants seront seuls juges, mais je pense qu'ils apprécieront vraiment la conférence.

Qu'est-ce que tu préfères dans une EclipseCon ?

J'attends beaucoup de choses d'une EclipseCon : des gens super, des sessions géniales, des boissons et de la nourritures excellentes. Mais la vraie magie, ce sont les choses qui arrivent et que je n'attendais pas. Par exemple, une année j'ai été présentée à quelqu'un qui souhaitait organiser un « meetup » à Londres et trois mois plus tard nous collaborions pour organiser un formidable « DemoCamp » à Londres. De la même manière l'EclipseCon France 2016 a amorcé un incroyable atelier IoT (Internet des Objets) pour les femmes. L'intégration du Python dans EASE (Eclipse Advanced Scripting Environment) a aussi démarré lors d'une EclipseCon, en fait le Science Working Group lui-même a démarré de cette manière ! Donc, vraiment si vous venez à la conférence en étant ouvert(e) aux gens et aux nouvelles idées, ce qui peut arriver est incroyable, c'est vraiment magique et c'est ce que j'aime le plus.

Est-ce que le choix des sujets n'a pas été trop compliqué ? Quels sont ceux qui ont le plus été débattus et sur quels critères ont-ils été choisis ?

Le plus gros problème est toujours de ne pas pouvoir tous les sélectionner. Je sais à quel point c'est un gros effort de réfléchir à un sujet, et de soumettre une proposition, donc je remercie réellement celles et ceux qui l'ont fait. On aimerait pouvoir récompenser chacune et chacun avec une session, mais cela ne fonctionne pas de cette manière. Heureusement j'ai un bon comité de sélection qui représente différents domaines et ils ont accompli la plus grosse partie du travail. Forcément il reste toujours des débats, nous essayons de créer un bon programme, mais aussi de prendre des risques et de ne pas être monotones. Par exemple, cette année nous avons sélectionné des sessions autour du Big Data, des sujets qu'on ne trouve traditionnellement pas à une EclipseCon.

Pourquoi faut-il absolument aller à EclipseCon France 2017 ?

Vous devez absolument aller à l'EclipseCon comme cela vous ne serez pas remplacé(e) par un robot. Sérieusement ! Notre keynote cette année présentera à quel point nous pouvons aller loin en terme de robotique et comment sera le futur. Les choses changent tellement vite, mais je sais que les dernières personnes dont le travail sera automatisé seront celles et ceux qui auront gardé des compétences à jour et qui auront un bon réseau, ce que vous pouvez faire à l'EclipseCon France.

Tu as récemment été élue au Comité Directoire d'Eclipse. Qu'est-ce que ça représente pour toi et quel est ton objectif ?

Promouvoir la diversité, de deux manières. À un niveau personnel, plutôt que de dire aux autres quoi faire, je voulais mener par l'exemple et avoir une opportunité que je n'avais jamais considérée auparavant, mon objectif était donc purement de postuler pour un siège à ce comité directoire. Être élue était un gros, gros bonus et un réel honneur. Ce qui mène au deuxième aspect : la diversité est un problème sérieux et complexe qui justifie une attention à un haut niveau et mon nouveau rôle me permet de porter ce sujet, donc je suis très reconnaissante d'avoir cette opportunité.

Tu es aussi impliquée dans le Science Working Group. Quelles en sont les activités et les objectifs ?

En effet, j'ai été récemment nommée comme présidente du comité de direction du Science Working Group. Nous sommes un groupe d'entreprises, d'institutions et d'individuels qui veulent collaborer sur des logiciels Open Source qui peuvent aider la science ainsi que les outils scientifiques à progresser. Nous nous concentrons sur notre croissance et sur l'établissement des technologies fondatrices, à savoir les briques de base des outils scientifiques : des choses telles que les structures de données, les workflows, le scripting Python, etc. Les gens disent aussi que nous sommes le groupe le plus fun et le plus amical et nous souhaitons garder cet esprit.

La Fondation Eclipse a récemment nommé une personne en charge de la promotion de la diversité dans la communauté, qu'est-ce que cela représente pour toi qui est déjà impliquée dans ces sujets ?

C'est extrêmement significatif, et même avant-gardiste. Tandis que de nombreuses entreprises à l'heure actuelle nomment des « Responsable de la diversité », nous sommes la première communauté Open Source que je connaisse à avoir ce rôle de manière officielle. C'est exactement ce qui est nécessaire sur le long terme pour promouvoir la diversité. Et une grande aide pour moi, car cela diminue la pression sur les gens qui assument aujourd'hui ce rôle en sus de leur travail quotidien.

De plus en plus d'outils sont disponibles dans le cloud, comme Eclipse Che. Penses-tu que c'est le futur de la plate-forme Eclipse ?

Il y a sans nul doute un engouement pour les outils disponibles dans le cloud, et cela est dirigé par la commodité. La beauté d'Eclipse Che, ce sont ses workspaces partagés qui sont en fait la commodité ultime pour un développeur. Eclipse Che arrive aussi à construire une bonne communauté et un bon écosystème, et c'est aussi un signe prometteur. Mais c'est encore loin d'être une solution complète sans, pour l'instant, de migration évidente depuis Eclipse tel qu'on le connaît. Cela va changer au fur et à mesure que d'autres technologies feront leur entrée, comme, par exemple le « Language Server Protocol ». Je pense que cela va évoluer très vite. Mais n'ayez aucune crainte, ce sujet sera bien représenté à EclipseCon France, où nous avons des sessions à propos de Che, du Language Server Protocol, mais aussi d'initiatives complètement nouvelles d'EDI dans le cloud. Donc rejoignez-nous et décidez par vous-mêmes ce que le futur de la plate-forme Eclipse doit être.

L'équipe de Developpez.com se joint à nous pour remercier chaleureusement Tracy Miranda, pour sa participation à cette interview ; nous lui souhaitons bonne chance pour l'événement EclipseCon France 2017.

Nous adressons également nos remerciements à jacques_jean pour sa relecture orthographique.

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